La Villa Demoiselle ou Villa Cochet à Reims

Henri Vasnier (1832-1907) est un des associés de la maison de champagne Pommery. Il est aussi un collectionneur averti de Corot, Millet, et amateur d'Art Nouveau, notamment de Gallé et de Majorelle. La villa qu'il envisage en 1890 doit lui servir de lieu d'habitation et de réception. 

Il choisit l'architecte parisien Louis Sorel (1867-1933) qui a participé au groupe L'Art dans Tout (1896-1901) dont font partie Henri Sauvage et Tony Selmersheim, qui ont participé à la construction de la Villa Majorelle et dont j'ai déjà parlé. Ce mouvement, comme son nom l'indique, prônait l'introduction de l'art dans tous les éléments de construction de la maison.
Une des réalisations les plus caractéristiques de Sorel est une maison parisienne construite rue Le Tasse en 1905. 

Louis Sorel. Immeuble rue Le Tasse.

Comme on le voit, cet immeuble présente une loggia que l'on retrouvera dans la Villa Demoiselle (c'est le nom qu'elle porte actuellement) construite à partir de 1904. En revanche, pour la villa, l'architecte n'utilisera aucune décoration sculptée, contrairement à l'immeuble de la rue Le Tasse.

Ornements de façade de l'immeuble rue Le Tasse.

Louis Sorel a opté pour une structure en béton, ce qui était audacieux pour l'époque, et pour une charpente en partie métallique. Ce sont ces deux options qui ont permis à la maison de résister à l'effet de souffle des bombardements de la Guerre de 14.

Les différentes façades de la villa sont traitées de façon très sobre. Les seuls ornements sont un bandeau de grès cérame à mi-hauteur dont l'auteur est Alexandre Bigot et un bandeau plus coloré à la jonction du toit. Ce qui frappe, bien sûr, c'est la grande extension de la toiture.

Villa Demoiselle. Vues générales.

Détail de la loggia.

L'entrée de la villa.

Détails des bandeaux de grès.

L'intérieur est somptueusement décoré et les meubles de Majorelle furent considérés comme étant parmi les meilleures réalisation de leur auteur. 

Photographie d'époque d'une pièce de la Villa Demoiselle.

Les travaux sont achevés en 1908, un an après le décès de l'initiateur du projet. C'est Louis Cochet, nouveau directeur de Pommery, qui en prend possession, lui donne son nom de Villa Cochet, et l'habite jusqu'en 1936. Elle est ensuite occupée jusqu'en 1970 par les cadres de l'entreprise. Puis c'est l'abandon. Menacée de démolition en 1980 et sauvée de justesse, c'est seulement en 1999 que la ville de Reims s'occupe de sa protection. Elle est rachetée par la direction de Vranken-Pommery et restaurée entre 2004 et 2009 et prend le nom de Villa Demoiselle.

Ce qui a pu être restaurée à l'identique l'a été, notamment les peintures au pochoir ornées de feuilles d'or et le vitraux. Malheureusement le mobilier a été dispersé. C'est donc un mobilier de la même période qui a été installée dans la maison signé de Majorelle, Gallé ou Selmersheim. On a déposé dans le salon une cheminée signée Paul-Alexandre Dumas, un élève de Gallé, qui figura à l'Exposition Universelle de 1900.

Le salon hall d'entrée.

La cheminée de Paul-Alexandre Dumas.

Détail du trumeau de la cheminée.

La cheminée du salon.

L'escalier.

Détail de la rampe.

Une banquette de fenêtre.

Les mosaïques du sol de l'entrée.

Les vitraux signés Auguste Labouret (1871-1964).

Les peintures au pochoir restaurées.

Une superbe vitrine signé Tony Selmersheim.

Une console-dressoir de Tony Selmersheim.