mercredi 9 mai 2012

Brasseries et cafés IX : la Cigale à Nantes

La Cigale, située sur la Place Graslin à Nantes, est une des brasseries Art Nouveau, au décor le plus étourdissant. Elle témoigne de ce que pouvaient être les grandes brasseries à la Belle Epoque.
La Cigale a été inaugurée le 1er avril 1895. C'est l'architecte céramiste nantais Emile Libaudière (1853-1923) qui a dirigé les travaux. Il était localement assez connu pour ses villas commandées par la riche bourgeoisie nantaise. La majorité de ses œuvres a été détruite par les bombardements de la seconde guerre mondiale et par la pression immobilière. Il semble qu'il usait d'un style éclectique très sage et que La Cigale fut une exception dans son œuvre.
Le thème de la cigale est inspiré par la fable de La Fontaine, La cigale et la fourmi, comme le montre les médaillons de la façade, et non par une quelconque passion entomologique. Le petit insecte musicien est le thème unificateur de la décoration.


Médaillon de la façade de la brasserie La Cigale.


La façade de la brasserie est d'un style éclectique assez sobre, avec ses pilastres ioniques, comme si l'architecte avait voulu concentré tout son besoin de décoration sur l'intérieur. Il est possible aussi qu'une devanture trop excentrique aurait trop tranché avec le style classique des façades nantaises.

Façade de la brasserie La Cigale.



L'intérieur est constituée de 4 salles aux décors très variés. Les peintures, notamment du plafond, sont dues à un artiste locale, Georges Levreau (1867-1936). Il est encore connu pour avoir décoré le plafond du théâtre de la Roche-sur -Yon, construit en style néo-classique vers 1840. Le plafond figure des Muses.

Georges Levreau. Plafond du théâtre de la Roche-sur-Yon.




Georges Levreau. Plafond d'une salle de La Cigale.


Les salles sont très lourdement décorées de stucs dorés, de statues et de grandes figures en carreaux de céramiques, œuvres de Libaudière.

Vues générales des salles.






Les panneaux en carreaux de céramique présentent des décors aux thèmes très variés.





Certains motifs sont encadrés d'un très beau travail de bois et de stuc dorés.


La mosaïque est aussi utilisée, notamment dans des décors inspirés par les produits gastronomiques de la mer ou de la campagne.





L'architecte a aussi utilisé de larges baies en plein cintre recouvertes de miroir, ce qui agrandit encore l'espace.



La décoration sculptée a été confiée à Emile Gaucher (1860-1909). Ce sculpteur nantais a eu une certaine célébrité entre 1880 et sa mort prématurée.

Gilliat ou le pêcheur à la pieuvre. Bronze patiné, 1886.

Emile Gaucher illustre ici la fin du roman de Hugo, Les travailleurs de la mer.


Rétable de l'église de St-Philibert de Grandlieu.


Tailleurs de pierre. Plâtre, 1903.


Monument à Francis. Robert, Ancenis. Bronze (détruit).
Cartes postales, vers 1910.



La sculpture principale des Emile Gaucher dans la brasserie est un groupe représentant Pierrot et Colombine en plâtre patiné surmontant la porte des cuisines. Il se détache sur un croissant de lune exécuté en mosaïques dorés.



On doit aussi à Gaucher les cariatides et les médaillons en plâtre et en terre cuite qui ornent les murs.


Dans la même salle, on peut voir la pendule surmontée d'une cigale en métal, symbole de l'établissement.



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