lundi 16 avril 2012

Viktor Vasnetsov, peintre de l'histoire et des légendes russes

Viktor Mikhaïlovitch Vasnetsov est né en 1848 dans un village proche de Viatka (aujourd'hui Kirov à 790 km au nord-est de Moscou). Fils d'un prêtre orthodoxe, il fait ses études au séminaire de Viatka. Il travaille pour un marchand d'icônes et participe à l'exécution des fresques de la cathédrale de Viatka.
Il rentre en 1867 à l'Académie des Beaux-Arts de St-Petersboug. En 1870, il rencontre le fondateur du groupe des Ambulants, Ivan Kramskoï (1837-1887) avec il se lie d'amitié, ainsi qu'avec le plus célèbre représentant de ce mouvement, Ilya Répine (1844-1930).
Refusant les sujets historiques ou mythologiques, il est plutôt un illustrateur de la vie contemporaine.


Autoportrait. Huile sur toile, 1873.


Buveurs de thé dans une taverne. Huile sur toile, 1874.


En 1876, Repine invite Vasnetsov à Paris. Il y reste un an. Il étudie attentivement la peinture impressionniste et la peinture académique. Il peint alors Les Acrobates et expose au salon, dont les lumières rappellent Degas.

Le départ de la maison. Huile sur toile, 1876.



Chez le bouquiniste. Huile sur toile, 1876.


Paysan avec un bâton, étude. Huile sur toile, 1877.


Les Acrobates. Huile sur toile, 1877.


C'est à ce moment là qu'il commence à se passionner pour les légendes et l'histoire russe. Il rentre à Moscou en 1877 et se met à peindre les tableaux qui l'ont rendu célèbre. Il a déjà peint à Paris Le Tsarevich Ivan chevauchant un loup gris.

Le Tsarevitch Ivan chevauchant un loup gris
Huile sur toile, 1877.


A Moscou, il peint alors les grandes œuvres qui sont maintenant considérés comme ses chefs-d'œuvre. Pourtant, le succès n'est pas au rendez-vous. Les Ambulants, considèrent ce style de peinture comme une trahison et des collectionneurs comme Pavel Tretiakov refusent des les acheter. Il faudra une dizaine d'années pour que Vasnetsov trouve la reconnaissance.

Le Chevalier à la croisée des chemins. Huile sur toile, 1878.


Le Prince Igor sur le champs de bataille
Huile sur toile, 1878.

Ce tableau illustre un épisode célèbre du Dit de la Campagne d'Igor, le plus vieux poème épique en langue slave, écrit à la fin du XIIème siècle. Il se fonde sur la campagne qu'entrepris en 1185, Igor Sviatoslavitch, prince de Novgorod, contre les coumans ou polovtses, peuple d'origine turque qui occupait une grande partie de l'Ukraine actuelle. L'expédition tourna en boucherie et en défaite pour le prince Igor.
Il faut remarquer que pendant que Vasnetsov peignait ce tableau, le compositeur Alexandre Borodine (1833-1887) travaillait à son grand opéra le Prince Igor. Commencé en 1869, Borodine ne put achever son ouvrage qui fut complété par Rimski-Korsakov et Glazounov et seulement créé en 1890. Il faut dire que Borodine était professeur de chimie et qu'il accueillait chez lui tous ses amis lorsque ceux-ci avaient des problèmes. Il ne pouvait donc composer que très peu de temps. Il reste pourtant un des plus grands compositeurs russes.

Photographie d'Alexandre Borodine vers 1865.


Alexandre Borodine. Le Prince Igor, Danses 
polovtsiennes. Orchestre philharmonique 
de l'Oural. Direction, Dmitri Liss. Folles 
Journée de Nantes 2012.




Les trois Tsarines du monde souterrain, 1ère version. 
Huile sur toile, 1879.

Illustration d'un conte russe avec magie, dragon et jeunes filles en détresse. Vasnetsov en fit une seconde version en 1884.


Le tapis volant. Huile sur toile, 1880.


Alionoutchka. Huile sur toile, 1881.

Ce tableau illustre un conte russe qui raconte l'histoire d'une jeune fille devenue l'épouse du Tsar et qu'une sorcière jette dans l'eau une pierre au cou. Rassurez vous, l'histoire se finit bien.


A la même période, il peint aussi un certain nombre de paysages de la région d'Okhtyrka, située à l'est du pays, qui sont très influencés par l'Impressionnisme.

Paysage à Okhtyrka. Huile sur toile, 1879.


Etang à Okhtyrka. Huile sur toile, 1880.



En 1882, il travaille avec Vassili Polenov (1844-1927), un autre Ambulant, à la construction d'une église à Abramtsevo. Abramtsevo est une colonie d'artistes située à une centaine de kilomètres au nord de Moscou, fondée par Savva Mamontov (1841-1918) en 1870. Richissime grâce au chemin de fer et au pétrole de Bakou, Mamontov invitait aussi bien des musiciens que des peintres ou des chanteurs. Balakirev, Rimski-Korsakov, Moussorgski croisèrent alors Vrouble, Vasnetsov, Serov ou Chaliapine. Les artistes cherchaient alors à retrouver l'âme de l'art russe traditionnelle.
La petite église d'Abramtsevo est le premier exemple de style de conte de fée que Vasnetsov utilisera dans d'autres bâtiments. L'intérieur est décoré de fresques de différents artistes comme Nesterov ou Repine et de sculptures de Viktor Hartmann (1834-1873) grand ami de Moussorgski.

Eglise d'Abramtsevo.




Vasnetsov. Détail des fresques de l'église 
d'Abramtsevo. 1882.


Vasnetsov. St-Serge de Radonège, Abramtsevo. Icône, 1882.

Un des saints les plus populaires de Russie. Il serait né en 1313 et mort en 1392. Il fut une des grands sages et réformateurs monastiques de la Russie médiévale.


En 1874, Moussorgski visita une exposition consacrée à des œuvres de son ami Viktor Hartmann qui venait de décéder. L'un des dessins présentés figurait la Cabane sur des pattes de poule, habitation de la terrible sorcière Baba-Yaga, qui ferait passer Carabosse pour un ange de douceur.

Viktor Hartmann. La cabane sur des pattes de poule
Dessin, vers 1874.


Le compositeur, frappé et par la mort de Hartmann et par certaines œuvres écrivit alors sa suite pour piano Tableaux d'une exposition. L'avant dernière-pièce rappelle la cabane de Baba-Yaga.

Modeste Moussorgski. La Cabane sur des pattes de poule et 
La Grande Porte de Kiev, extraits de 
Tableaux d'une exposition. 
Pianiste, Byron Janis, 1961.


Lorsque Vasnetsov participa aux travaux de l'église, il s'amusa à construire une Cabane sur des pattes de poule en hommage à Hartmann et aussi à Moussorgski qui venait de mourir d'alcoolisme à l'âge de 42 ans.

Vasnetsov. La Cabane sur des pattes de poule, 
Abramtsevo, 1882-1883.


Vasnetsov a peint aussi quelques paysages dans la région d'Abramtsevo.

Le bouquet de chênes à Abramtsevo. Huile sur toile, 1883.


Entre 1884 et 1889, il travaille à l'exécution de fresques pour la Cathédrale St-Vladimir de Kiev.
En 1852, le Métropolite de Moscou propose de fêter le 900ème anniversaire du baptême des kiéviens par le prince Vladimir le Grand. De nombreux architectes participèrent au projet mais le dessin final fût réalisé par Alexandre Vikentievich Beretti.
L'église fut édifiée dans un style néo-byzantin avec les dons des fidèles et des monastères. Le projet initial accepté par Alexandre II était plus vaste, mais les dons furent plus faibles que prévus. C'est ce qui explique que la construction dura de 1862 à 1882 et que les dernières fresques furent achevées seulement en 1896. Cette année-la, Le Tsar Nicolas II et la Tsarine Alexandra assistèrent à la consécration de la Cathédrale.

Vue de l'extérieur de la cathédrale St-Vladimir, Kiev.




Une vue de l'intérieur de la Cathédrale St-Vladimir, Kiev.


De nombreux artistes participèrent à la décoration de la cathédrale. Les mosaïques furent exécutés par des artisans italiens. Des peintres d'écoles très différentes furent conviés à orner les murs et les voûtes. C'est sur ce chantier que Vasnetsov rencontra Vroubel. Une grande amitié naquit entre le cadet et l'aîné, le premier se considérant comme l'élève du second. 
Le travail de Vasnetsov à Kiev est très novateur car il rompt totalement avec la tradition orthodoxe de la représentation des personnages. On comprend alors que le célèbre critique d'art de tendance slavophile Vladimir Stassov (1824-1906) ait considéré ces fresques comme sacrilèges envers la foi du peuple russe.

Intérieur de St-Vladimir, Kiev. Au fond la Vierge à 
l'Enfant, fresque de Vasnetsov. 


La Vierge à l'Enfant, détail.


Etude pour un des séraphins encadrant la Vierge, aquarelle.


Les Evêques orthodoxes, Kiev. Fresques.


Les Evêques russes, Kiev. Fresque.


Le baptême de St-Vladimir, Kiev. Fresque.


Le baptême des kieviens, Kiev. Fresque.


La Tentation, Kiev. Fresque.


Le Paradis terrestre, Kiev. Fresque.


Le Jugement Dernier, Kiev. Fresque, 1885.


En 1885, Vasnetsov voyage en Italie et fait les décors et costumes pour une reprise de l'opéra, d'après un texte d'Alexandre Ostrovski, de Rimski-Korsakov Snegourotchka (La Jeune Fille des neiges) créé en 1882. La représentation aura lieu à Abramtsevo. Bien plus tard, Vasnetsov tirera une toile de ce conte russe consacré à la Jeune Fille des neiges dont le père est le Père Gel et sa mère Madame Printemps.

Snegourotchka. Huile sur toile, 1899.


Lors de son séjour à Kiev, Vasnetsov reprend son tableau Le Tsarevitch Ivan chevauchant un loup gris et l'achève définitivement. Il commence aussi un de ses tableaux les plus célèbres, qu'il ne terminera qu'en 1898, Les Bogatyrs.
Dans les légendes russes, les Bogatyrs sont des chevaliers errants dont les caractères sont, bien sûr exagérés et personnalisent une vertus. Dans son tableau, Vasnetsov représente les trois plus célèbres, Aliocha Popovitch qui représente la bravoure, Dobrinya Nikititch qui représente le courage et la connaissance et Illia Mourometz qui représente la force physique et mentale. C'est incontestablement ce dernier qui est le plus célèbre et le plus souvent représenté. Vasnetsov reviendra sur cette figure dans une toile de 1914.
En 1911, le compositeur, russe puis soviétique, Reinhold Glière (1874-1956) donnera le nom de Illia Mouromets à sa troisième symphonie qui dure plus d'une heure et quart.

Reinhold Glière. Symphonie n°3 Illia Mouromets. 
Orchestre de l'Opera de Vienne. Direction, 
Hermann Scherchen, 1952.


Viktor Vasnetsov. Les Bogatyrs. Huile sur toile, 1888-1898.

A gauche Aliocha Popovitch, au centre Illia Mouromets, à droite Dobrinya Nikititch.


Illia Mouromets (Chevalier au galop). Huile sur toile, 1914.


En 1887, Vasnetsov peint un de ses tableaux les plus proches du Symbolisme, Les Quatre Cavaliers de l'Apocalypse. On peut les rapprocher aussi bien dans le style que dans la narration des deux panneaux sur bois exécutés en 1896 et 1897 par Arnold Böcklin et baptisés La Guerre mais qui mettent bien en scène les Cavaliers de l'Apocalypse.

Vasnetsov. Les Cavaliers de l'Apocalypse
Huile sur toile, 1887.


Arnold Böcklin. La Guerre. Huile sur bois, 1896.


Arnold Böcklin. La Guerre. Huile sur bois, 1897.


C'est Viktor Vasnetsov qui est chargé de dessiner le Pavillon de la Russie pour l'Exposition Universelle de Paris en 1889 sous la forme d'une isba aux formes rappelant l'église d'Abramtsevo.

Photographie du Pavillon de Russie à l'Exposition 
Universelle de 1889.


Toujours en 1889, Vasnetsov peint le portrait de son fils Boris. A partir de cette période, le peintre sans abandonner les légendes et l'histoire russes, va davantage travailler sur les portraits de ses proches.

Portrait de Boris Vasnetsov. Huile sur toile, 1889.


C'est en 1894, que sa maison de Moscou, qu'il a lui-même dessinée, est achevée. Son style est très proche du Pavillon de Russie et se veut donc une défense et illustration du style traditionnel russe.

Vues extérieures de la maison de Viktor Vasnetsov.



La salle à manger de la maison.


Toujours en 1894, Vasnetsov peint le magnifique portrait en pied d'Elena Prakhova, appuyée sur son piano dans un décor de tapis et de tentures qui évoque la Russie du XVIIème siècle.

Portrait d'Elena Prakhova. Huile sur toile, 1894.


En 1896, il exécute le portrait de Vera Mamontova, la fille de Savva Mamontov, trois ans avant que celui-ci soit arrêté pour une accusation de prise illégale d'intérêt sur des capitaux de la ligne de chemin de fer Moscou-Yaroslav. Bien qu'innocent (ce fut prouvé plus tard), il fut totalement ruiné et sa collection de tableaux dispersée. Après six mois de prison, il fut mis en résidence surveillée dans sa maison et vécu cloitré encore vingt ans, sans contact avec l'extérieur.

Portrait de Vera Mamontova. Huile sur toile, 1896.


La même année, il exécute son grand triptyque de la Résurrection. La partie gauche représente la résurrection des malheureux, de ceux qui souffrent comme le Christ au premier plan. On voit aussi de pauvres vieillards accompagnés par des anges immaculés. La partie droite montre la résurrection des nobles et des princes, eux aussi accompagnés ou soutenues par des anges tout de blanc vêtus. Dans le panneau central, trois anges portant un globe céleste et vêtus somptueusement, représentant sans doute la Trinité accueillent les élus dans la Jérusalem céleste représenté par une église de style russe et et des murailles dorées.

La Résurrection, panneau de gauche. huile sur toile, 1896.


La Résurrection, panneau de droite. Huile sur toile, 1896.


La Résurrection, panneau central. Huile sur toile, 1896.


Un des tableaux les plus célèbres de Vasnetsov est son portrait du tsar Ivan IV le Terrible. Ivan le Terrible (1530-1584) est en même temps honni par les russes du fait de ses tortures et de son sadisme et en même temps admiré pour avoir été le premier tsar et l'unificateur de la Russie, même si hormis la prise de Kazan en 1552, il a perdu toutes les guerres qu'il a entrepris. On n'a aucune image du tsar faite de son vivant. Les portraits les plus anciens conservés sont une icône datant de 1600 environ et une gravure tirée d'un recueil de 1672, soit près d'un siècle après sa mort.

Portrait supposé d'Ivan le Terrible. Icône, vers 1600.


Portrait supposé d'Ivan le Terrible. Gravure sur bois
(coloration postérieure), 1674.


Quelques années avant Vasnetsov, Repine avait consacrée une toile hallucinante à Ivan, montrant l'épisode où celui-ci après avoir tué son fils d'un coup du bâton ferré, qu'il tient continuellement, sur la tempe (c'est ce bâton que tient le tsar dans le tableau de Vasnetsov et qui git au premier plan dans le tableau de Repine) lors d'une crise de rage, pleure sur la mort de son fils aîné. Repine fait du tsar une sorte de spectre. Vasnetsov, au contraire le montre dans la pompe de sa tenue d'apparat mais le regard sombre et soupçonneux.

Ilya Repine. Ivan le Terrible et son fils
Huile sur toile, 1885.


Viktor Vasnetsov. Ivan le Terrible. Huile sur toile, 1897.


Il est étonnant de constater que l'aspect qui nous reste du tsar a été fixé par Vasnetsov. Lorsque Serghei Mikailovitch Eisenstein (1898-1948) tourne son chef d'œuvre Ivan le Terrible (partie I : 1942-1944, partie II : 1945-1946), il costume et il maquille l'acteur principal, Nikolaï Tcherkassov (1903-1966), de façon à ce qu'il ressemble au souverain du tableau de Vasnetsov.

Eisenstein. Photographies du film Ivan le Terrible.



Scène finale de la première partie de Ivan le Terrible de
Eisenstein. Musique de Serge Prokofiev. 1942-1944.


Fidèle aux racines russes, Vasnetsov, en 1896 et 1897, représente les trois oiseaux prophétiques de la mythologie russe, Sirin, Alkonost et Gamayun. Ces trois oiseaux à tête de femme sont des formes dérivées des sirènes grecques. Chacun véhicule une symbolique particulière. 
Gamayun  est le symbole de la connaissance et de la sagesse. Il habite une île située à l'est du Paradis.

L'oiseau prophétique Gamayun. Huile sur toile, 1897.


Sirin vit sur les bords de l'Euphrate (ou quelque part en Asie) et symbolise l'harmonie du monde et la joie éternelle. Il est situé à droite sur le tableau de Vasnetsov.
Alkonost pond ses œufs au bord d'une plage et les fait rouler dans la mer. Lorsqu'un œuf éclôt, il se déclare une grande tempête qui rend la mer impraticable.

Sirin et Alkonost. Huile sur toile, 1896.


Tout au long de sa vie, le peintre a participé à la décoration d'églises. L'un des projet les plus ambitieux auxquels il ait participé est la Cathédrale St-Sauveur-sur-le-sang-versé située à St-Petersbourg. En 1881, Alexandre II, le tsar libérateur, est assassiné par des révolutionnaires. Bien qu'il soit mort au Palais d'Hiver, son fils, Alexandre III, décide la construction d'une église votive sur les lieux du meurtre, le long du canal Griboïedov (à l'époque canal Catherine). Les travaux débutent en 1883.
L'architecte est Alfred Alexandrovitch Parland (1842-1919) qui est de tendance éclectique, mais travaille surtout le néo-byzantin. Vers 1880, beaucoup d'artistes soutiennent le mouvement slavophile et Parland, rompant avec ses habitudes, opte pour le style russe du XVIème siècle. Son modèle principal est la cathédrale St-Basile-le-Bienheureux à Moscou, construite sur ordre du tsar Ivan le Terrible.

Cathédrale St-Basile-le Bienheureux, 
Moscou. XVIème siècle.


C'est la famille impériale aidée de mécènes qui finança la construction de la cathédrale St-Sauveur mais le coût fut tellement exorbitant que l'édifice ne put être achevé qu'en 1907, plus de 20 ans après le début des travaux. Reconnaissons qu'en dehors de la somptuosité extérieure du bâtiment, l'architecture en est assez confuse par la multiplication, des bulbes, des dômes et des ornements de toute nature.

Vues de l'extérieure de la cathédrale St-Sauveur-sur-
le-sang-versé, St-Petersbourg.





Ce budget pharaonique fut principalement dû à l'utilisation de mosaïques sur toute la surface  intérieure du bâtiment. Outre Vasnetsov, Vroubel, Nesterov et d'autres artistes participèrent aux dessins des mosaïques. Bien que d'une magnificence un peu démonstrative, l'intérieur présente plus d'unité que l'extérieur. Il est difficile de rendre à chaque artiste les parties qui lui sont dues, l'utilisation de mosaïques à font d'or ou a font bleu unifiant les styles.

Intérieur de la cathédrale St-Sauveur-sur-le-
sang-versé, St-Pétersbourg.











En 1899, l'art de paysagiste de Vasnetsov est magnifié dans sa superbe Contrée nordique qui représente un fleuve aux larges méandres au milieu d'une forêt épaisse. De la même année date sa toile Les joueurs de dulcimer dans la tradition de ses toiles historicisantes.

Contrée nordique. Huile sur toile, 1899.


Les joueurs de dulcimer. Huile sur toile, 1899.


A partir de 1900, Vasnetsov commence à imaginer une façade pour la Galerie Tretiakov que Pavel Tretiakov (1832-1898) avait fondé en 1892 en léguant ses collections à la ville de Moscou.

Projet de façade pour la Galerie Tretiakov. Aquarelle, 1900.


Le projet va évoluer et Vasnetsov arrivera à une version définitive en 1904. A peu de chose près, c'est la façade que l'on voit actuellement.

Projet de façade. Aquarelle, 1904.


Façade de la Galerie Tretiakov, Moscou. 1905.




Entre 1906 et 1911, Vasnetsov travaille sur les mosaïques et les fresques de la cathédrale Alexandre Nevski de Varsovie. C'est en 1893 que le gouverneur de Pologne, Joseph Vladimirovitch Gourko (1828-1901), donna l'idée à Alexandre III de construire une cathédrale orthodoxe dans la capitale de la Pologne occupée depuis 1815 pour les russes qui s'y trouvaient. C'était aussi une manière d'accélerer la russification du pays. C'est l'architecte Léon Benois (1856-1928) qui dessina le bâtiment. Les travaux commencèrent en 1894. La cathédrale fut financée par des dons prélevée sur les villes sous la juridiction de Gourko et par une taxe réclamée aux varsoviens. Les non-orthodoxes, hyper-majoritaires en furent profondément blessés.
La structure du bâtiment était achevée en 1900. Le clocher de 70 m était alors l'édifice le plus hait de Varsovie. La décoration intérieure s'étala encore sur 12 ans. Construite en granite et marbre, l'église était ornée de pierres semi-précieuses.

Photographies de la Cathédrale Alexandre Nevski, 
Varsovie. Vers 1915.



Vanetsov. Projet pour fresque de la Sainte Eucharistie, Cathédrale Alexandre Nevski, Varsovie. Aquarelle, 1911.


Lorsque la Pologne devient indépendante, un débat va se faire jour : doit on conserver ou abattre ce symbole de l'occupation russe ? Après des années de discussion, la cathédrale est détruite à le dynamite entre 1924 et 1926.

Photographie de la démolition de la cathédrale. Vers 1925


Dans les années 1910, Vasnetsov crée le nouvel uniforme de l'armée russe, suite à la réforme de celle-ci, consécutive au désastre de la guerre russo-japonaise de 1904-1905.

Uniformes de l'armée russe créés par Vasnetsov.


C'est lui aussi qui crée, plus tard, pour l'Armée Rouge, le bonnet appelé bogatyrka ou budenovka rappelant la forme des casques des bogatyrs.

Photographie de soldats portant la bogatyrka. Vers 1919.


Photographie de Staline portant la bogatyrka. Vers 1920.


En 1912, Vasnetsov est anobli par le tsar Nicolas II. La même année, il peint le Portrait d'Olga Poletayeva qui montre que le peintre n'a rien perdu de ses qualités.

Portrait d'Olga Poletayeva. Huile sur toile, 1912.


Le reste de sa vie, il peindra un grand nombre de tableaux illustrants des contes ou des légendes russes, revenant parfois sur des sujets qu'il avait déjà traité. Ses derniers tableaux sont traités en panneaux décoratifs rappelant de somptueuses tapisseries ou les miniatures persanes. 

La tsarine-grenouille. Huile sur toile, 1918.

C'est un conte russe assez compliquée dans lequel Ivan, le fils d'un tsar épouse une grenouille. Après une rencontre avec Baba-Yaga et une bataille conte Kastcheï l'immortel, La grenouille se révèlera être une belle princesse Vassilissa la sage. Rappelons que Kastcheï est un des protagonistes du ballet de Stravinski, L'oiseau de Feu (1910) créé à Paris par les Ballets Russes. La Danse infernale de Katscheï est considéré comme une date dans l'histoire de la musique du XXème siècle. 

Stravinski. Danse infernale de Katscheï, Berceuse et Finale,
L'Oiseau de Feu. Orchestre symphonique de San Francisco.
Direction, Michael Tilson Thomas.


Le géant est aussi le personnage central de l'opéra de Rimski-Korsakov, Katschei l'immortel, créé en 1902.


La tsarine mélancolique. Huile sur toile, 1916-1926.


Le tapis volant. Gouache et aquarelle, 1926.


Le portrait de Vasnetsov a été peint un an avant sa mort par Mikhaïl Nesterov (1862-1942). Les deux peintres s'étaient rencontrés lors des travaux de la cathédrale St-Vladimir de Kiev.

Mikhaïl Nesterov. Portrait de Viktor Vasnetsov
Huile sur toile, 1925.


Il meurt en 1926 à Moscou et est enterré à St-Petersbourg (Leningrad à l'époque).

1 commentaire:

  1. Quel travail de documentation et de recherches d'illustrations ! je suis admirative devant ce panorama complet de l’œuvre de Vasnetsov.
    Mille mercis

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