dimanche 8 janvier 2012

Céramiques autrichiennes

Durant la période Jugendstil, la production de céramiques est très importante en Autriche et plus particulièrement au nord de la Bohème, dans la région de Teplice.


Carte de la République Tchèque. La zone de production de céramiques est en rouge.


La Bohème appartient alors à la couronne austro-hongroise et tout les noms sont alors germanisés. La ville de Teplitz-Schœnau est alors une station thermale célèbre qui accueille depuis la fin du XVIIIème siècle de nombreuses célébrités. Les eaux chaudes, utilisées dans le traitement des rhumatismes, sont la trace d'une ancienne activité volcanique.


Photographie ancienne représentant la synagogue de Teplitz.


Photographie ancienne représentant l'établissement de bains de l'Impératrice Elisabeth (Sissi) à Teplitz.


Cette région est frontalière à la Saxe, non loin de Dresde et de Meissen, haut lieu de la porcelaine allemande. Devenue tchécoslovaque en 1918 et appartenant aux Sudètes, elle est annexée par l'Allemagne nazi en 1938 jusqu'en 1945.
On ne peut pas nommer toutes les manufactures de céramique qui ont fonctionné dans cette zone, tant elles sont nombreuses, au moins une cinquantaine, dont certaines n'ont fonctionné qu'une dizaine d'années. Certaines, cependant, furent très importantes par la quantité et la qualité des pièces produites.
La majorité de ces manufactures ont été créées dans la première moitié du XIXème siècle et certaines, comme Royal Dux, sont toujours en activité.
Un grand nombre ont été réunis en sociétés, notamment pendant la domination allemande, puis nationalisées lors de l'arrivée des communistes au pouvoir en 1948. 
Les plus belles créations de ces manufactures datent incontestablement des années 1880-1920.
Une des manufactures les plus importantes est Amphora. La fabrique principale était située dans le quartier de Turn Teplitz (Trnovany aujourd'hui).
Amphora a été créée en 1892 par trois amis, Reissner, Stellmacher et Kessel. Au début, l'entreprise s'appelait RStK. C'est après le départ de Stellmacher, en 1905, que la manufacture pris le nom de Amphora.
De nombreux artistes ont dessiné des modèles pour la marque. On peut citer Paul Dachsel (vers 1880-?) et aussi le sculpteur animalier suédois Otto Jarl (1856-1915) qui collabora plus souvent avec la manufacture de porcelaine de Meissen.

Otto Jarl. Ours attaquant un taureau
Manufacture Amphora, faïence, vers 1900.

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Ce type de pièces est relativement rare dans la production de la manufacture. Elle a davantage produite des vases, des jardinières dans des styles extrêmement variés allant du Biedermaier au Jungendstil en passant par le néo-baroque. Certaines pièces sont très recherchées par les collectionneurs du fait de leur grande originalité.
Les décors à motifs végétaux sont très utilisés, notamment les fruits, comme les raisins.



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Les fleurs sont aussi abondamment utilisés. Les artistes arrivent parfois à des stylisations d'une originalité et d'une modernité étonnante, comme dans le vase Arum ou dans la coupe Nénuphar.





Collection personnelle

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Certaines pièces sont, sans doute, parmi les plus originales de l'histoire de la céramique comme ce vase soliflore représentant une branche de corail bleu avec des incrustations de dorure.


Les décors animaliers occupent aussi une grande place dans la production de Amphora.






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Parmi les must de la fabrique, il y a les vases dessinées par Paul Dachsel ornées de toiles d'araignée et de cabochons émaillés.


Certains vases sont le support de de véritables scènes comme ce vase agrémenté d'un poisson volant fantastique, d'un coquillage et d'une tortue.


En même temps, la manufacture produit des pièces très marquées par le néo-classicisme comme le vase amphore ci-dessous.


La même influence se fait sentir sur une pièce comme cette statuette qui semble représenter Europe et Jupiter transformé en taureau.


La figure féminine est souvent marquée par les canons de la beauté de cette Belle Epoque. De ce point de vue, il est facile de confondre des pièces produites par Amphora et des pièces produites par Royal Dux.





Dans un autre style, la manufacture crée des formes plus réalistes comme cette vieille femme comptant son argent au retour du marché. Le panier pouvait servir de bouquetière.

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Cet autre vase, en revanche, reprend un mode de représentation romantique d'une jeune fille, dans les tons de vieux rose, baissant timidement la tête.  

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Une des grandes modes dans la céramique de l'époque était de produire des bustes de femme du monde aux vêtements richement décorés et souvent fort décolletés. Amphora en a proposé de très nombreux dans cette période.





La fabrique Amphora a produit de nombreux vases décorés de profils ou des visages de femmes, soit entourés de riches dorures, soit en émail brillant se détachant sur un fond mat. Ce sont ses émaux qui deviendront pratiquement l'essentiel de la production après 1920.




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Bien entendu, les formes des vases sont très inspirés par le Jugendstil et plus spécifiquement par la Sécession viennoise.



Les vases ornées de chérubins ou d'enfants et de guirlandes de roses semblent très influencés par le style de Michael Powolny (1871-1954), une des figures marquantes de la Wiener Werkstätte (j'en reparlerai plus loin), notamment dans le traitement très stylisé et presque cubiste des roses.



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Une autre faïencerie située à Turn Teplitz est la maison Josef Strnact. Elle a été fondée en 1881 par Josef Strnact junior. En 1910, elle compte près de 300 travailleurs. La manufacture est vendue en 1934 puis disparaît rapidement.
La qualité des pièces produites est nettement inférieure à la maison Amphora. La dorure est de moindre qualité et les décors sont exécutés en applique et non peint. Les majoliques sont moins fines que d'autres faïenceries de la région. Cependant, le faible coût de ce pièces leur a valu un grand succès.





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Une des grande spécialité de la maison Strnact furent les pendules et les garnitures de cheminées formées d'une pendule et de deux vases.






En 1863 Ernst Wahliss crée à Turn Teplitz une manufacture de porcelaine et faïence. Il ouvre des boutiques à Vienne et Londres. En 1894, il rachète la manufacture de Stellmacher. Il meurt en 1900 et ses deux fils Hans et Erich reprennent l'entreprise. En 1905, il donne le nom de Ernst Wahliss (E.W.) à la manufacture dont le designer est Paul Dachsel jusqu'à cette année. En 1921, la manufacture est intégrée à une plus grande structure. Elle ferme en 1934.
Les pièces de la manufacture Ernst Wahliss sont, en général très élégantes, et proche d'Amphora. A partir de 1910, l'influence de la Wiener Werkstätte est importante.









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L'autre très célèbre fabriquant de céramique de la région est Royal Dux. La manufacture est installée à Duchcov (Dux à l'époque impériale), une petite ville située à 7 km au sud de Teplice.
Située au centre des Monts Métallifères (Erzgebirg), la ville a longtemps tiré sa richesse des mines d'argent. la ville est de style baroque tout comme le château, qui a été construit par l'architecte français Jean-Baptiste Mathey (1630-1696), introducteur du style baroque en Bohème. Ce château eut des hôtes célèbres comme Gœthe, mais c'est surtout le fait que Casanova (1725-1798) ait été bibliothécaire du Comte de Waldstein et qu'il soit mort en ces lieux qui en a fait sa réputation.


La place centrale de Duchcov.




Le château de Duchcov.





La manufacture de céramique a été fondée en 1853 dans le but de fabriquer des objets utilitaires. Elle est achetée en 1860 par Eduard Eichler qui en fait une manufacture de terres cuites et de majoliques en imitation d'autres manufactures. Cette situation perdure jusque dans les années 1890, lorsque l'usine se met à produire des pièces beaucoup plus originales et de très grande qualité esthétique. En 1898, Eichler ouvre un bureau à Berlin et une seconde usine à Blankenhain près de Weimar. En 1904, Royal Dux reçoit le Grand Prix de l'exposition internationale de St-Louis.
En 1918, la fabrique allemande est revendue. Après cette date l'usine de Duchcov est resté constamment en activité.
L'éventail des production de Royal Dux entre 1880 et 1920 est beaucoup plus restreint que Amphora. Les sujets sont essentiellement des personnages et des animaux (quelques fleurs aussi) en biscuit blanc ou crème réhaussé de vieil or. Certaines pièces sont d'une élégance insurpassée dans toute la céramique de cette époque.
La production est essentiellement celle de vases, de jardinières et de statuettes.
Les vases sont souvent ornés de figures féminines, nymphes ou naïades. Ils adoptent des formes très complexes et contournés ou bien sont plutôt néoclassiques.








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De nombreux vases sont décorés de fleurs et de branches feuillues et parfois teintés de vieux rose. 


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La maison Royal Dux a été célèbre pour ses statuettes d'animaux, que ce soient des chiens, des chevaux ou des ours, qui étaient rendus avec un grand sens du mouvement et des attitudes.







Les pièces les plus célèbres de la maison Royal Dux furent sans conteste les grands surtouts de table, sorte de jardinières utilisées comme décoration des centres de table, ou les coupes ornées de nymphes ou de couples mythologiques souvent positionnés sur des conques marines. Ces pièces, parfois de très grandes dimensions, sont un des sommets de la production de céramiques durant la période Art Nouveau. On peut, cependant, regretter que les dessinateurs ne se soient pas essayés à des formes plus proches de la Sécession et soient rester prisonnier jusqu'à la Première Guerre Mondiale de formes qui avaient fait leurs succès.










Collection personnelle

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Certaines pièces sont exceptionnelles par leur taille comme cette nue, ce qui est très difficile à obtenir avec la cuisson du biscuit et sa rétraction lors du refroidissement.


La maison Royal Dux va aussi élaborer de nombreuses statuettes d'inspiration orientaliste ou antiquisante que ce soit sous forme de paire ou de scènes.






En 1829, est fondée à Bodenbach, dans le quartier de Bela (à l'époque Biela), la manufacture de majolique Schiller et Gerbing. Bodenbach (aujourd'hui Podmokly) est une ville située sur une rive de l'Elbe alors que la ville de Tetschen (aujourd'hui Decin) est installée sur l'autre. Aujourd'hui les deux villes ont fusionné sous le seul nom de Decin. A une vingtaine de kilomètres de Teplice, Decine est située au confluent de l'Elbe et de la Ploucnice.

Le centre ville baroque de Decin.


Le château de Decin.


La synagogue de Podmokly, construite vers 1880-1900.


Les bords de l'Elbe, photographie d'époque.


Gobelet en cristal de Bohème avec une vue 
de Podmokly (vers 1900).


La manufacture Schiller et Gerbing s'est spécialisée dans les pièces en majolique de style néo-baroque, voire victorien, de très grande qualité. Le décor en est très chargé. Elles sont maintenant devenus relativement rares, la majolique étant un matériau assez fragile.



En 1885, Wilhelm Schiller quitte l'entreprise et fonde avec son fils Eduard, la manufacture Wilhelm Schiller und Sohn (WS & S) toujours à Bodenbach mais dans un autre quartier, Obergrund (aujourd'hui Horni Zleb). La maison Schiller et Gerbing devient alors Gerbing et Stephan.
La manufacture Gerbing et Stephan continue la tradition de la majolique de style victorien, très ornementée. Elle ferme en 1905.








Quelques pièces de la manufacture sont cependant influencées par l'Art Nouveau, notamment dans les lignes beaucoup plus ondulantes comme dans ce vase en forme d'arum, une des plantes les plus utilisées dans les ornements de l'époque.


Toujours dans le quartier de Bela à Podmokly, une autre manufacture de majolique, faïence et porcelaine s'ouvre en 1880. Elle a été fondé par Julius Dressler. Après avoir été incluse dans une association appelée Epiag durant l'entre deux guerre, la manufacture Julius Dressler disparaît en en 1944-45. Sa fabrication est proche de celle de Gerbing et Stephan, mais très rapidement, l'entreprise va créer des formes beaucoup plus "sécessionistes" et souvent d'une grande originalité. A partir de 1910, on constate une influence de la Wiener Werkstätte et plus particulièrement de Michael Powolny.

Julius Dressler. Pièces en majolique et 
faïence de style victorien.







Julius Dressler. Pièces de style Art nouveau et Sécession.








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Julius Dressler. Pièces dans le style de la Wiener Werstätte.




La manufacture Wilhelm Schiller et Sohn a fonctionné de 1885 à 1914. Sa fermeture a été provoqué par la Première Guerre Mondiale, car le nombre d'ouvriers engagés dans le conflit était trop important pour permettre de maintenir l'activité de l'usine. Cette fermeture fut définitive.
Pendant une grande partie de son activité, la manufacture a perpétué la tradition de la majolique de style victorien comme Gerbing et Stephan, produisant des pièces très proches de cette autre fabrique.








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A partir de 1905 environ, la maison Wilhelm Schiller et Sohn se met à fabriquer des pièces nettement plus influencées par l'Art Nouveau et la Sécession : simplification des formes, utilisation de motifs végétaux.




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Dubi (Eichwald) est une petite ville située à 4 km au nord de Teplice. Petite station thermale, elle est connu aussi par son église de l'Immaculée Conception, construite entre 1898 et 1906. C'est une des rares églises construites en style gothique vénitien en dehors de la péninsule italienne.

Vue générale de Eichwald (Dubi), d'après une 
carte postale ancienne. 


L'église de l'Immaculée Conception de Eichwald (Dubi), 
d'après une carte postale des années 1910.


Dubi. Eglise de l'Immaculée Conception, état actuel.


En 1864, Anton Tschinkel fonde une manufacture de majolique à Dubi. En 1874, elle commence la fabrication de porcelaine. Après la crise des années 1880, la fabrique est rachetée par Teichert qui vient de Meissen. En 1895, la manufacture est de nouveau cédée à Bernhard Bloch qui va la développer et en faire une des manufactures les plus importantes du pays. Les pieces sont gravées des initiales BB ou du nom Eichwald, selon qu'elles sont en faïence mate ou en majolique. Elle est confisquée par les nazis en 1939, puis nationalisée en 1947. Elle est toujours en activité.
Les formes des faïences Bernhard Bloch sont très marquées par l'esthétique de l'Art Nouveau. Elles optent pour une plus grande simplification qu'Amphora ou Royal Dux. Le répertoire des couleurs est assez restreint : ocre, vert, gris-bleu, crème.







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La manufacture B. Bloch va aussi fabriquer des objets orientalistes, notamment des pots à tabac.


Les majoliques, signée (parfois) Eichwald, sont de très grande qualité. Les formes sont souvent très complexe avec des courbes et des contres-courbes. On trouve des surtouts de table ornés de conques, de barques, de naïades, de chérubins, dans un esprit résolument baroque.



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A partir de 1905, les majoliques prennent des formes moins baroques et se rapprochent de la Sécession viennoise. On arrive à une certaine austérité.





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Vers 1910, sous l'influence du designer Carl Klimt (1876-1945), la manufacture oriente la fabrication vers des pièces très inspirés par Michael Powolny.





Une autre zone de production importante de céramique durant les années 1880-1920 en Bohème est la région de Kalrsbad (Karlovy Vary aujourd'hui). A l'ouest de Prague, c'est une zone voisine du sud de la Saxe et du nord-ouest de la Bavière.

La zone de Karlsbad est entourée en bleu sur la carte.


Tout comme Teplice, Karlovy Vary est une station thermale, dont la source la plus chaude est à 73 °C. La ville a été fondée par l'Empereur Charles IV en 1370, au confluent de l'Ohre (Eger en allemand) et de la Tepla qui est une rivière aux eaux tiédies par les sources chaudes et qui selon la légende, ne gèle jamais, même par les hivers les plus froids. Karlsbad fut une des station thermales plus plus célèbres entre 1880 et 1914. Clémenceau était un habitué, tout comme Freud et de nombreuses autres célébrités. L'architecture de la ville date essentiellement de cet âge d'or, qui s'acheva en 1914.

Vue panoramique de la ville de Karlovy Vary.


Quelques vues de la ville dans son état actuel.





La synagogue de Karlsbad vers 1900.



La Sprüdelgalerie, abritant la source la plus chaude de Karlsbad, vers 1900.



La source Sprüdel vers 1910.


Le Kaiserbaden de Karlsabd construit en 1895 
par Fellner et Helmer, vers 1900.


Des villas à Karlsbad, vers 1900.


La salle de bal d'un des grands hôtels de Karlsbad. 1895.


Le théâtre de Karlsbad construit par 
Fellner et Helmer en 1886, vers 1900. 


L'église orthodoxe de Karlsbad st Pierre et Paul construite en par G. Wiederman, un architecte local originaire d'une autre ville thermale voisine Frantizkovy Lazne, en 1897, vers 1900.


L'église orthodoxe dans son état actuel.


C'est dans la banlieue nord de Karlsbad, à Altrohlau (aujourd'hui Stara Role), que les fabriques de porcelaine sont situées. La première est fondée par Benedikt Hasslacher en 1810. En 1870, c'est une des plus importantes manufactures d'Autriche avec 800 ouvriers. Après la crise de 1880, elle est rachetée en 1884 par le banquier Moritz Zdekauer. Pendant cette période, les pièces sont signées MZ (Moritz Zdekauer). La manufacture est revendue en 1909 au porcelainier allemand Hutschenreuter. L'usine fonctionne toujours, aujourd'hui.
Sans rivaliser avec les pièces produites dans la région de Teplice, la maison Zdekauer a fabriqué de beaux objets utilitaires.





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C'est dans le même quartier que s'est établi en 1883, une seconde manufacture importante, Victoria. Elle a été fondée par Lazarus et Rosenfeld et racheté en 1885 par Franz Schmidt. Comme la précédente, elle a fabriqué en majorité de la porcelaine utilitaire mais aussi quelques pièces intéressantes dans le style Biedermeier avec une petite touche Art Nouveau.




Incontestablement, la grande figure de la céramique Art Nouveau en Autriche est Friedrich Goldscheider. Né à Pilsen (aujourd'hui Plsen) en Bohème en 1845, il fonde la manufacture Goldscheider à Vienne en 1885 et ouvre des succursales à Paris, Florence et Leipzig. Il meurt en 1897, mais son entreprise  lui survit et se développe jusque dans les années 60. L'entreprise a su employer des designers prestigieux comme Michael Powolny pour la période qui nous intéresse. 
Ce sont particulièrement les terres cuites qui ont rendu célèbre la maison Goldscheider et notamment, les terres cuites orientalistes.













D'autres pièces sont de style purement Art Nouveau.












Il est temps de parler du créateur de céramique le plus important de Vienne durant la période de la Sécession et même au delà. Il s'agit de Michael Powolny. Il est né à Judenburg en Styrie en 1871. De 1894 à 1901, il est élève à l'Ecole des Arts Appliqués de Vienne (comme la majorité des artistes de cette époque). En 1906, il fonde la Wiener Ceramics en association avec Berthold Löffler (1874-1960).  La Wiener Ceramics est indissolublement liée au mouvement de la Wiener Werkstätte.
Je reparlerai plus tard de la Wiener Werkstätte, qui est l'association des artistes les plus importants de la Sécession viennoise dans une optique semblable à celle du mouvement Arts and Craft en Angleterre, à savoir, rassembler l'artisanat et l'art afin de créer une esthétique de l'habitation accessible au plus grand nombre. La Wiener Werkstätte fut fondée par l'architecte Josef Hoffman (1870-1956) et le peintre Koloman Moser (1868-1918). Les deux œuvres phares de la Wiener Werstätte sont le Sanatorium de Purkersdorf (1904-1906) à côté de Vienne et le Palais Stoclet (1905-1911) à Bruxelles. Je reviendrai longuement sur ces deux constructions.
En 1913, la Wiener Ceramics s'associe avec la manufacture de Gmünden.

Photographie de Michael Powolny (date inconnue).


Il est professeur à l'Ecole des Arts Appliqués de Vienne de 1909 à 1936. Il meurt à Vienne en 1954.
Powolny, dans ses céramiques, rompt avec les séductions de l'Art Nouveau pour en arriver à des formes très simplifiées, qui annonce parfois un certain cubisme. Un de ses sujets favoris étaient les putti. Beaucoup de ses créations ont été faites avec Berthold L öffler.















Statuette représentant Johann Wolfang Gœthe.




L'associé de Powolny, Berthold Löffler est né à Nieder Rosenthal (aujourd'hui Ruzodol) à l'est de Reichenberg (aujourd'hui Liberec) en Bohème, en 1874. Il sera designer et affichiste.

Photographie de Berthold Löffler (date inconnue).


Il est professeur à l'Ecole des Arts Appliqués de Vienne de 1909 à 1935 et de ce fait, compte Oscar Kokoschka (1886-1980) comme un de ses élèves. Il meurt à Vienne en 1960.

Etude de jeune homme. Mine de plomb (1910)


Affiche pour le cabaret Fledermaus (la Chauve souris), 
le plus célèbre de Vienne (1907).


La diseuse Marya Delvard au cabaret 
Fledermaus (1907).


Affiche pour l'exposition de la 
Wiener Werkstätte en 1908.


Deux pièces en céramique.



Deux pièce en céramique créées en association 
avec Michael Powolny.




Ainsi se clôt ce chapitre sur la céramique autrichienne pendant la période de l'Art Nouveau. Il n'est évidemment pas exhaustif. Il a simplement cherché à évoquer les tendances de l'art de la céramique dans la partie germanique de la Double Monarchie à cette période. Il est bien évident que je parlerai de la céramique hongroise, un peu plus tard.

6 commentaires:

  1. You seems to be a expert on Art Nouveau/ Jugend porcelain! I have inherited a vase just like this one you showed in your blog post above http://www.ebay.com/itm/Art-Deco-Bernard-Bloch-Amphora-Woman-Vase-Signed-Grumbach-/400258135365

    Do you know how many of these Bernard Bloch vases was manufactured? I can´t find a single one when I Google and search on swedish sites.

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  2. Je suis très très débutante... je chine... mais vous ne dîtes pas comment reconnaître ces objets. Quels sont les signatures à rechercher ? Pouvez-vous m'aider ?
    Merci

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  3. Merci pour ce passionnant article, qui m'a permis de retracer l'histoire de cette "marquise" (un buste Turn Teplitz de femme, ainsi nommé par nous quand nous étions petits et le voyions chez notre grand-mère). J'ai juste du mal à savoir (étant ignare en art) si ces bustes RSK sont de la porcelaine ou de la céramique, car vous mentionnez les deux matières. Peut-être pourrez-vous m'éclairer ? En tout cas, un grand merci encore, et... que de belles photos !
    Marie-C? Combes

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  4. Bonsoir,
    Votre site est non seulement bien présenté mais il est aussi bien documenté.
    C'est pourquoi je me tourne vers vous pour vous demander si vous avez des renseignements, des documents sur Bernard Bloch.
    Je dois monter une exposition de pots à tabac dont certains de B. Bloch et je n'ai à ce jour pratiquement rien trouver.
    Henri Gauvin
    president@sarreguemines-passions.eu

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  5. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  6. Bonjour
    Je viens de trouver dans mon grenier une parure de cheminée (une pendulette et 2 vases aux cols effilés évoquant des cucurbitacees) et une bonbonnière signées G Klimt. Le tout est de couleur caramel avec des teintes céladon. Pouvez vous m’en dire plus sur Georg Klimt. Ces œuvres ont elles de la valeur ?
    Merci

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