Louis V, Grand-Duc de Hesse-Darmstadt fut un des très grand mécène de son époque. Petit-fils de la Reine Victoria, il est né en 1868. Il succède à son père Louis IV, en 1892. L'unification allemande sous la férule de Bismarck, ne laisse que peu de liberté en matière de politique étrangère aux souverains secondaires d'Allemagne. Louis V deviendra donc un mécène, propagateur du Jugendstil, faisant de sa capitale, un des grands centres de l'Art Nouveau européen.
Louis V, Grand-Duc de Hesse-Darmstadt (1868-1937)
par Jacob Hilsdorf.
par Jacob Hilsdorf.
Vue générale de la Mathildenhöhe. A gauche la salle des expositions et la Tour des mariages (1908) et à droite la Chapelle Russe (1897-1899).
Passionné de bibliophilie, Louis V a aussi écrit des poèmes et de la musique. Il divorce de sa première femme Victoria Melita de Saxe-Cobourg-Gotha en 1901, du fait d'une mésentente constante due, en grande partie à l'homosexualité du Grand-Duc. Il se remarie avec Eleonore de Solms-Hohensolms-Lich.
En 1914, il doit participer à la Guerre. Il est général d'infanterie mais aura surtout une action humanitaire pour les blessés.
Après la chute de Guillaume II et la proclamation de la république, il abdiqua en 1918 mais put continuer à vivre à Darmstadt. En 1920, il crée l'Académie de la Sagesse, avec comme directeur adjoint Hermann von Kayserling (1880-1946), grand voyageur et philosophe ouvert aux sagesses orientales.
Thomas Mann (1875-1955) soutint cette Académie. Opposant résolu au nazisme, le grand-Duc mourût en 1937.
Photographie d'Hermann von Kayserling.
Franz von Stück. Portrait de Louis V, Grand-Duc
de Hesse-Darmastdt (1907).
A partir de 1899, il encourage l'installation des plus grands artistes du Jugendstil à Darmstadt et fonde la colonie de Mathildenhöhe.
Un des tout premiers bâtiments construits est la Chapelle Russe (1897-1899) due à l'architecte russe Léon Benois (1856-1928) qui mêle l'influence Art Nouveau au style russe du XVIème siècle. La chapelle a été financé par Nicolas II, Tsar de Russie, dont la famille était liée à celle du Grand-Duc.
Les deux artistes les plus importants qui œuvrèrent à Darmstadt sont certainement, Josef Maria Olbrich et Peter Behrens, tous les deux architectes et designers.
Josef Maria Olbrich (1867-1908) est autrichien. Dès 1897, il est célèbre pour le bâtiment qu'il a construit pour la Sécession et qui renferme la Frise Beethoven de Klimt, avec sa coupole de feuillage doré.
Olbrich oppose dans toutes ses constructions, des parties blanches et nues enduites de plâtre à des parties décorées qui créent ainsi des évènements. Il en va ainsi des stations de tramway qu'il a édifiées à Vienne.
Inauguration de la Ernst-Ludwig Haus en 1901.
L'atelier de Olbrich dans la Ernst-Ludwig Haus.
Photographie d'époque.
Ludwig Habich. Jeune fille buvant. Fontaine murale en marbre, Mathildenhöhe, Darmstadt.
Lit par Josef Maria Olbrich. On peut constater la grande influence de Charles Rennie McIntosh, son exacte contemporain dont les œuvres ont été exposées à la Sécession viennoise de 1900.
Vase par Josef Maria Olbrich. Verre et métal doré, manufacture Eduard Hueck à Lüdenscheid.
Josef Maria Olbrich. Hall d'exposition de
la Mathildenhöhe. Darmatdt, 1908.
Deux mosaïques de Friedrich Wilhelm Kleukens. Le Baiser et La Fidélité (1908).
Hans Christiansen. Deux estampes de la période Darmstadt.
Un des tout premiers bâtiments construits est la Chapelle Russe (1897-1899) due à l'architecte russe Léon Benois (1856-1928) qui mêle l'influence Art Nouveau au style russe du XVIème siècle. La chapelle a été financé par Nicolas II, Tsar de Russie, dont la famille était liée à celle du Grand-Duc.
Les deux artistes les plus importants qui œuvrèrent à Darmstadt sont certainement, Josef Maria Olbrich et Peter Behrens, tous les deux architectes et designers.
Josef Maria Olbrich (1867-1908) est autrichien. Dès 1897, il est célèbre pour le bâtiment qu'il a construit pour la Sécession et qui renferme la Frise Beethoven de Klimt, avec sa coupole de feuillage doré.
Photographie de Josef Maria Olbrich en 1908.
Bâtiment de la Sécession, Vienne, 1897.
Station de tramway. Vienne, en collaboration avec
Otto Wagner, 1894.
Olbrich est nommé professeur d'architecture à Darmstadt en 1899 et va devenir le principal architecte de la Mathildenhöhe.
La même année il dessine la maison de Louis V (Ernst Ludwig Haus) dans le parc.
Inauguration de la Ernst-Ludwig Haus en 1901.
L'atelier de Olbrich dans la Ernst-Ludwig Haus.
Photographie d'époque.
Les deux statues sont dues à Ludwig Habich (1872-1949) et représente la Force et la Beauté. Ludwig Habich a essentiellement représenté des jeunes filles sur ses œuvres souvent de petit format.
Ludwig Habich. Jeune fille buvant. Fontaine murale en marbre, Mathildenhöhe, Darmstadt.
Olbrich s'est aussi intéressé au design. Il a dessiné des meubles et des objets comme des vases.
Lit par Josef Maria Olbrich. On peut constater la grande influence de Charles Rennie McIntosh, son exacte contemporain dont les œuvres ont été exposées à la Sécession viennoise de 1900.
Vase par Josef Maria Olbrich. Verre et métal doré, manufacture Eduard Hueck à Lüdenscheid.
A la Mathildenhöhe toute une série de villas sont construites pour les artistes, certaines par Olbrich lui-même.
En 1908, une deuxième phase de travaux va voir la construction, par Olbrich, du Hall d'exposition et de la Tour des mariages.
Pour le Hall d'exposition, Olbrich opte pour un style plus austère proche de celui de Peter Berhens qui travaille aussi à Darmstadt.
Josef Maria Olbrich. Hall d'exposition de
la Mathildenhöhe. Darmatdt, 1908.
La réalisation la plus emblématique de la Mathildenhöhe est sans aucun doute, la Tour des mariages (Hochzeitsturm) dont le sommet a été comparé aux cinq doigts d'une main par la Grand-Duc. Son architecture austère est réhaussée par de somptueuses mosaïques dues au talent de Friedrich Wilhelm Kleukens (1878-1956), qui fut surtout typographe, situées dans le hall d'entrée.
Deux mosaïques de Friedrich Wilhelm Kleukens. Le Baiser et La Fidélité (1908).
Friedrich Wilhelm Kleukens. Affiche pour l'exposition
de 1908 à Darmstadt.
Le cadran solaire est orné des douze signes du zodiaque.
Le poème est de Rudolf G. Binding (1867-1938).Malheureusement l'architecte va mourir prématurément d'une leucémie, cette année là. Il avait seulement 40 ans.
Peter Behrens (1868-1940) a le même âge que Olbrich. L'architecte allemand dirige la construction et l'installation intérieure de sa maison de la Mathildenhöhe en 1901.
Photographie de Peter Behrens en 1913.
La maison de Peter Behrens dans le parc
de Mathildenhöhe (1901).
Le salon de musique de la maison de Peter Behrens. Photographie d'époque.
Le grand piano du facteur Schiedmayer, dessiné par Berhens.
Un autre piano dessiné par Behrens, toujours du facteur Schiedmayer.
Peter Behrens. Affiche pour l'exposition de
1901 à Darmstadt.
Peter Behrens. Salle à manger de la Wertheim Haus construite à Berlin en 1901. Reconstitution dans la Ernst-Ludwig Haus à Darmstadt.
Peter Behrens aura une carrière très abondante. Son œuvre la plus célèbre est l'Usine de turbines AEG construite en 1907-1908.
Behrens aura de nombreux élèves dont Ludwig Mies van der Rohe. Par la simplification de son architecture, il aura une influence durable sur Le Corbusier ou sur Walter Gropius et le Bauhaus.
Une troisième phase de construction aura lieu à la Mathildenhöhe en 1914. Ce sont surtout des éléments décoratifs qui seront installés dans le parc, pavillons ou porte. L'architecte chargé de ces constructions est Albin Müller (1871-1941). Si Müller est moins prestigieux que ses prédécesseurs, il est aussi peintre et décorateur.
Autoportrait d'Albin Müller, 1915.
Albin Müller. Pergola du cygne. Décor en bronze et marbre de Carrare. Mathildenhöhe, Darmstadt, 1914.
Albin Müller. Verseuse. Métal argenté (vers 1914).
Albin Müller. Pendule. Bronze et serpentine (vers 1910-1920).
Albin Müller s'associe avec le sculpteur et décorateur Bernhard Hoetger pour créer la Porte des Lions.
Albin Müller et Bernhard Hoetger. Löwentor (Porte des Lions). Mathildenhöhe, Darmstadt (1914).
Bernhard Hoetger (1874-1949), après avoir connu l'œuvre de Rodin et de Gaudi, s'installa en 1911 à Darmstadt jusqu'en 1914. Inscrit au parti nazi, son art fut néanmoins classé dans les arts dégénérés. En cela, son cas s'apparente à celui de Emile Nolde. Exclu du parti, il mourût en Suisse.
Photographie de Bernhard Hoetger.
Bernhard Hoetger. Relief. Darmstadt,
Mathildenhöhe, vers 1912.
Bernard Hoetger. Mère mourante avec ses enfants. Darmstadt, Mathildenhöhe.
D'autres artistes interviennent aussi à Darmstadt. C'est le cas du designer et joailler Patriz Huber (1878-1902), dont la mort prématurée n'a pas permis d'affirmer un incontestable et très précoce talent.
Photographie de Patriz Huber.
Patriz Huber. Piano à queue.
Patriz Huber. Salon. Localisation inconnue, 1899.
Patriz Huber. Salon de réception de Lina Pfaff.
Kaiserlautern, 1899.
Patriz Huber. Cabinet en cuivre et ébène provenant du salon de Lina Pfaff. Kaiserlautern, 1899.
Patriz Huber. Bureau. Vers 1900
Patriz Huber. Salon. Vers 1900
Patriz Huber. Trois bijoux en argent et pierres semi-précieuses : une boîte, une broche,une boucle
de ceinture et un pilulier. Vers 1900.
Un des peintres les plus importants qui ont séjourné à Darmstadt est Hans Christiansen (1866-1945). Il a beaucoup voyagé. En Italie en 1889, il se rend à Chicago pour l'Exposition Universelle de 1893 et est très frappé par les réalisation de Louis Comfort Tiffany. Il séjourne à Paris entre 1896 et 1899 et fréquente l'Académie Julian. Il restera très influencé par les Nabis, Toulouse-Lautrec et Mucha. Il collabore régulièrement au magazine Jugend. Nommé professeur en 1898, il est à Darmstadt de 1902 à 1914, période durant laquelle il s'intéresse aux arts décoratifs, notamment aux tapis. A partir de 1914, il revient à la peinture. Sa femme étant juive, il est interdit d'exercer à partir de 1933.
Portrait de Hans Christiansen.
Hans Christiansen. Quelques couverture du journal
Jugend, 1897, 1898.
Hans Christiansen. Deux estampes de la période Darmstadt.
Hans Christiansen. Affiche pour l'exposition de 1901
à Darmstadt.
Hans Christiansen. Canapé.
Au dessus un vitrail de Hugue Baillie Scott.
Paul Burck (1878-1947) est un autre artiste qui s'est installé à Darmstadt. On lui doit de nombreuses estampes et des dessins pour la confection de tapis.
Paul Burck. Les Ases créent la Terre. Œuvre de jeunesse.
Paul Burcke. Tapis. 1899.
Paul Burcke Tapis. 1901.
Paul Burcke. Deux gravures de la période Darmstadt.
Paul Burcke. Affiche pour l'exposition de 1901 à Darmstadt.
Rudolf (Paul Gustav Rudolf) Bosselt (1871-1938) a fait con apprentissage comme ciseleur sur bronze. Il travaille ensuite à la manufacture de porcelaine de Berlin-Charlottenbourg puis part pour Paris où il fréquente l'Académie Julian. Il s'installe ensuite à Darmstadt en 1899 et reste dans cette ville jusqu'en 1904.
Photographie de Rudolf Bosselt.
Rudolf Bosselt. Service à café en verre et bronze doré. Darmstadt, 1901.
Rudolf Bosselt. Coupe en bronze. Darmstadt, 1901.
Rudolf Bosselt. Lampe. Darmstadt, 1901.
Rudolf Bosselt. Bas relief dans le jardin du château de Poppelsdorf.
Rudolf Bosselt. Marabout, bronze.
Après son départ de Darmstadt, Bosselt s'installe à Düsseldorf puis à Bruxelles. Plus tard il dirigera l'Ecole d'Art Appliqué de Magdebourg puis celle de Brunswick.
Un autre artiste non négligeable va intervenir à Darmstadt. Il s'agit de Johann Vincenz Cissarz (1873-1942). Ce peintre, graphiste, designer et illustrateur sera à Darmstadt de 1903 à 1906. Pendant son séjour il enverra une œuvre consacrée à la 7ème symphonie de Beethoven à l'Exposition Universelle de St-Louis en 1904.
Johann Vincenz Cissarz. Portait d'un africain.
Johann Vincenz Cissarz. Affiche pour une marque de bicyclettes. Vers 1900.
Johann Vincenz Cissarz. Affiche pour l'exposition de Darmstadt en 1908.
Pour l'exposition de 1904, une très belle affiche est réalisée par un artiste nommé Paul Hostein. Je n'ai malheureusement pas trouvé d'autres renseignements sur cet artiste… avis aux lecteurs.
Un des artistes qui a rejoint la colonie de la Mathildenhöhe vers la fin de sa grande période est le designer Emmanuel Josef Margold (1888-1962) qui sera un membre éminent de la Wiener Werkstätte.
Emmanuel Josef Margold. Projet de broderie. 1909.
Emmanuel Josef Margold. Boîte en céramique. Vers 1910.
Emmanuel Josef Margold. Sucrier en céramique. Vers 1911.
Emmanuel Josef Margold. Boîte à biscuit en métal. Période de la Wiener Werkstätte, 1915.
Emmanuel Josef Margold. Coupe à fruit en métal argenté.
La Guerre de 1914-1918 donne un coup d'arrêt à cette effervescence artistique. De nombreux artistes partent au front et d'autres quittent l'Allemagne. C'est la fin de la grande période de la colonie d'artistes de la Mathildenhöhe.
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